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Cracher le morceau…

Jeudi 6 janvier 2022

Posté par Neil Gaiman à 5h25

Alors, voyons voir.

J’étais le naufragé dans Desert Island Discs. Cela n’évoque probablement rien à ceux qui ne viennent pas du Royaume-Uni. (Vous pouvez l’écouter ici : https://www.bbc.co.uk/programmes/m00120cb.)

The Ocean at the End of the Lane a fait ses débuts au Duke of York’s Theatre dans la rue de St Martin’s Lane, avec une nuit dédiée à la presse le 4 novembre. J’ai vu la pièce (mon beau-père, Jack, était mon invité) et j’ai été émerveillé de voir comment quelque chose que je trouvais déjà bien quand je l’ai vu au Dorfman Theatre avait réussi à devenir encore plus grand, plus puissant et encore meilleur.

Elle a reçu un tas d’avis à quatre ou cinq étoiles et plusieurs nominations pour des récompenses.

Si vous vivez à Londres ou aux alentours, vous devez la voir. C’est unique. https://www.oceanwestend.com/


La pièce est à l’affiche jusqu’au 14 mai 2022, quand nous laisserons le théâtre à un autre spectacle et que The Ocean at the End of the Lane partira en tournée au Royaume-Uni.

(Souvenez-vous, chaque jour ils vendent un nombre limité de billets à prix réduit (£25) sur https://www.todaytix.com/london/shows/21527-ocean-at-the-end-of-the-lane)

En octobre et en novembre, je travaillais sur les séries Good Omens 2 et Anansi Boys, chacune d’un côté d’Edimbourg. Les deux ont un casting et une équipe incroyable. Le tournage d’Anansi Boys a lieu dans l’un des plus grands studios qui existent. Si vous voyiez Brixton…

Je suis de retour en Nouvelle-Zélande pour être avec un petit garçon et sa maman. (J’ai eu beaucoup de chance pour entrer dans le pays.) Je peux diriger à distance, parce que la technologie est incroyable et vous permet de le faire, mais c’est certainement plus facile quand je suis en Ecosse, et plus facile pour tout le monde de m’avoir sur place.

Ce qui me rappelle… Il y a une information à propos de Good Omens que j’ai gardée près de mon cœur, mais alors que nous allons reprendre le tournage, il est temps de cracher le morceau :

Quand j’ai commencé à réfléchir à Good Omens 2, je me suis dit qu’il serait intéressant d’avoir ce que j’ai commencé à appeler des « minisodes » : des histoires à l’intérieur des épisodes, qui explorent des périodes de l’Histoire. Et je me suis dit qu’il serait amusant d’inviter d’autres personnes pour écrire ces minisodes. On en a donc trois.

Nous avons déjà annoncé que j’écris la série avec John Finnemore. Mais, nous ne vous avons pas dit que John a aussi écrit une histoire sur les temps de la Bible. C’est le cas. C’est réfléchi et drôle et sage.

Nous ne vous avons pas dit que l’auteure et scénariste Cat Clarke a écrit une histoire sur l’époque victorienne à Edimbourg, si ? C’est le cas…

J’ai demandé à Cat si elle voulait dire quelque chose à ce sujet et elle a répondu :

« Quand Neil m’a gentiment invitée à rejoindre Good Omens 2, je lui ai arraché la main avec mes dents. (Je suis terriblement navrée, Neil. J’espère que ça va pour taper sur le clavier.) Cela a été un vrai plaisir de jouer dans le bac à sable que Neil et Terry ont créé. J’ai hâte que le monde voit notre ange et notre démon préférés se retrouver dans le pétrin à Edimbourg. »

Et il y a un autre minisode, écrit par deux personnes qui travaillent ensemble : Jeremy Dyson and Andy Nyman. Jeremy est auteur (et aussi membre de la série Le Club des Gentlemen, Michael Sheen joue son rôle dans le film The League of Gentlemen's Apocalypse) et Andy est un auteur, un faiseur de miracles et un acteur. Ils sont connus pour avoir écrit et réalisé Ghost Stories, la pièce et le film. Leur histoire se déroule à Londres pendant le Blitz.

Ils m’ont aussi envoyé un message : « On s’est tellement amusé à écrire pour Good Omens 2. Ca a été un vrai privilège de pouvoir plonger dans les vies d’Aziraphale et de Rampa. Nous espérons avoir réussi à apporter des rires, de la magie et un peu de peur dans ce monde merveilleux. »

Sandman sur Netflix s’en sort très bien. J’ai hâte que tout le monde puisse voir ce que je vois.

Et entre le 28 avril et le 26 mai, si les conditions sanitaires le permettent, je serai en tournée au Etats-Unis pour rattraper la plupart des soirées avec Neil Gaiman ayant été annulées en 2020 et 2021. Les détails et les liens vers les billets sont disponibles ici : https://www.neilgaiman.com/where/ (Madison , WI est déjà complet.)

 

 

Et je n’ai pas écrit de vœux du nouvel an, parce que je suis le seul parent pour Ash pendant qu’Amanda est à une retraite pour faire du yoga et de la randonnée sur l’île du sud, et il n’y avait pas assez de temps pour rester éveillé et accueillir un jeune garçon dans la nouvelle année. J’en écrirai peut-être en retard, ou peut-être pas… (Cette publication vous est présentée par IPad et Scooby-Doo : Mystères associés.)

 


 

Art et réchauffement climatique

Samedi 13 novembre 2021

Posté par Neil Gaiman à 17h27

Il faut vraiment que j’écrive un post sur Good Omens (on en est à 4 semaines de tournage) et sur Anansi Boys (on commence le tournage la semaine prochaine), et sur la pièce stupéfiante The Ocean at the End of the Lane au Duke of York’s Theatre à Londres (et maintenant que je l’ai dit, je sais que je vais le faire) mais hier j’ai parlé (sur Zoom, à cause des protocoles sanitaires) à la COP26, la Conférence des Parties sur les changements climatiques, et je me suis dit qu’il fallait que je mette ici ce que j’ai dit là-bas. Pour pas que cela ne soit perdu.

 



L’art est notre façon de communiquer. L’art a commencé quand nous avons laissé des traces pour dire que nous étions là.

La forme d’art la plus vieille que nous ayons, ce sont les empreintes de mains d’enfants de Neandertal ou de Denisova, sur le plateau tibétain, qui ont fait des traces avec leurs mains parce que c’était amusant, parce qu’ils le pouvaient, et parce que cela disait au monde qu’ils avaient été là.

L’arbre généalogique humain remonte à des millions d’années, celui de l’Homo Sapiens à bien moins que ça. Nous ne sommes pas une branche de l’arbre qui réussit, parce qu’à moins que nous n’utilisions nos puissants cerveaux pour nous en sortir, il ne nous reste plus longtemps.

Il faut que nous utilisions tout ce que nous avons à notre disposition pour changer le monde, et montrer que nous pouvons rivaliser avec ceux qui étaient là avant nous. Quand je dis rivaliser, je ne veux pas dire rendre le monde inhabitable pour les êtres humains. Le monde s’en sortira sur le long terme. Il y a eu des extinctions avant nous, et il y aura des extinctions après notre départ.

Quand j’étais jeune, j’ai écrit une petite histoire de bande dessinée qui parlait d’utiliser la Terre comme un objet décoratif. C’était à propos de nos tendances autodestructrices. A l’époque, je m’inquiétais de la guerre nucléaire : un énorme évènement qui mettrait fin à tout. Maintenant, je crains que nous soyons en train de tout gâcher petit à petit, jusqu’à ce que tout bascule.

Nous qui explorons l’avenir, nous avons besoin de construire des futurs fictifs qui nous inspirent et nous donnent envie de continuer. Quand j’étais enfant, atteindre les étoiles était notre rêve. Maintenant, il faut que cela soit réparer le désordre que nous avons laissé derrière nous, et pas juste s’en aller, abandonnant la Terre transformée en tas d’ordures. Il faut changer le monde. On aura besoin de la science, mais on aura aussi besoin de l’art. Pour convaincre, pour inspirer et pour construire un avenir.

Il faut toucher le cœur des gens, pas juste leur esprit. Toucher la partie de leur cœur qui croit que c’est bien de planter des arbres pour que nos petits-enfants puissent s’asseoir dessous. Toucher les cœurs pour donner aux individus envie de changer, et de réagir face aux gens et aux organisations qui dépouillent la planète comme on réagirait face à quelqu’un qui essayerait de mettre le feu à notre maison alors que l’on est dedans.

Pour que, dans 200000 ans, les enfants puissent laisser des empreintes de mains dans l’argile, pour nous montrer qu’ils étaient là, et parce que laisser des empreintes de mains et de pas, c’est amusant.